L'artiste

Agnès Bouche Barbare actuellement vit à Paris. Elle crée des œuvres innovantes, nées d’une subtile conjugaison de bois et de pigments, d’huile et d’acrylique. Chaque œuvre est élaborée à partir des sensations qu’un poème ou une citation évoquent à l’artiste. En écho à ses créations, ce vecteur message induit une double lecture. Le jeu des intersections et la juxtaposition des couleurs associées à la sobriété de l’  abstraction, génèrent un rythme, un mouvement quasi musical.

Reçue au concours des Beaux Arts de Paris, l’artiste suit des cours de sculpture à l’école Boulle, d’histoire de l’art et de peinture à l’école du Louvre et d’art plastique à l’ Académie Charpentier où elle terminera ses études. Elle parcourt l’ Europe pendant douze ans et réside notamment en Italie et au Danemark. Son cheminement ancré dans le vaste monde de la création française et italienne la mènera jusqu’ au Design. Elle réalisera ainsi de très nombreux projets touchant aux métiers de la création.

De retour en France, elle se consacre exclusivement à la peinture, rentre à la Maison des Artistes, et devient, en 2009, membre des Ateliers d’ Art de France. D’ une épaisseur de 5 cm, ces tableaux, mêlant peinture et sculpture et dont la taille oscille entre 40 cm et 3 mètres, sont réalisés en bois, choisis parmi différentes essences, telles que le chêne, le hêtre, ou le pin.

Gratifiée de l’appréciation du public à l’égard de son travail, elle est sélectionnée en 2013, pour participer à l’exposition «Révélations» au Grand Palais, et présente vingt de ses œuvres au Palais de Tokyo en 2014.

INTENTIONS : Chaque œuvre est élaborée à partir d’un poème, une citation d’auteur, mais aussi de textes écrits par l’artiste. En écho à ses tableaux, ces pensées induisent une double lecture. Certains idéogrammes, lettres ou mots d’origines diverses (sanscrit, japonais, hébreu, hindi, grec, arabe, chinois, perse...) se côtoient et se superposent dans le but de créer un lien ethnique imaginaire qui rapprocherait et unifierait de façon poétique la diversité des peuples et leurs approches spirituelles. Captivée par cette magnifique « machine humaine » que nous sommes, à chaque instant en évolution, l’ artiste explore des pistes multiples dont les thèmes sont vécus comme de jolis passages obligés, parcourus au fil de son histoire personnelle. Dans cette matière picturale charnelle, elle est guidée par une communion entre abandon et maîtrise, défini et éthéré, relief et impalpable, et fait dialoguer matité et brillance, ombres et lumières. Ces contrastes transmettent l’impulsion au mouvement, comme l’énergie féminine répondant tel un balancier à celle purement masculine.

Il en résulte un travail artistique intimement lié aux sens, du regard au toucher, entre imagination et sensualité, liberté et emprise où la cadence suggérée devient un lien virtuel quasi musical. La musique reste omniprésente et joue un rôle prépondérant en terme d’inspiration.

Chaque pièce de bois composant le tableau est découpée, lissée, transformée. En évoquant cette force de l’univers qui nous renvoie à notre être essentiel, à l’épanouissement intérieur que nous devrions tous entrevoir et qui souvent nous échappe, on prend conscience que de chacune de nos attentions se dégage une forme vibratoire. Créer en conscience porte en soi l’étincelle d’une forme d’authenticité. Agnès suppose que toute œuvre d’art recèle de façon très subtile un potentiel énergétique conséquent.

De ce labyrinthe de pensées et de sensations aux formes diverses, surgit l’idée de transformation favorisée par le mouvement, dans une perspective de progression, d’élévation, d’union, mais aussi de partage.

 

travail

Message personnel:

Suite à de nombreuses et riches expériences intérieures, je cherche à évoquer cette force de l’univers qui m’a sans cesse portée. J’ai toujours pu tirer parti des épreuves marquantes de ma vie, grâce à cette force saine qui me renvoie à l’être, à notre essence. Une sensation de plénitude, qui souvent nous échappe, et nous rappelle l’aveuglement que provoque notre conscience limitée et restrictive. C’est dans ce sens que je crée et c’est autour de cela que j’aimerais transmettre. « Persévérer dans son être »  écrivait Spinoza. Être artiste c’est - ÊTRE - en pleine conscience, se laissant guider par l’instant. C’est savoir saisir les moments simples et fugaces, comme les étincelles de l’enfance, ces sentiers débordants de couleurs qui se présentent à nous, et dont notre instinct capte l’intensité originelle. C’est, au même titre que la spiritualité, une fonction naturelle de l’humain consistant à reconnaître cette autre dimension de nous même. Mon univers est bercé par des rêves fantastiques où naissances et morts se côtoient sans aucune appréhension.

En créant, je découvre comme par magie mes intentions émergées du bout des doigts, un peu comme vivre la « folle impression de se perdre en se trouvant ». Car partir à la découverte de cet axe central lié au bonheur de l’instant, là où nos peurs s’évaporent d’elles-mêmes, c’est comme détecter son propre «centre de gravité». Tout cela conduit à l’essentiel : écouter au-delà de la musique, percevoir au-delà des mots. Jusqu’à ressentir au-delà de toutes interprétations possibles. Ces transpositions qui jonglent avec nos émotions les plus alambiquées liées à notre passé et à notre peur de la fin, de la séparation, de la mort. Qu’il est bon de cultiver notre foi en l’amour, cet état limpide, du premier jour de notre vie, cette confiance en ce que j’appelle le grand tout, forme de liquide amniotique de l’univers. L’art nous le rappelle, et c’est dans ce sens que j’ose m’immiscer. Il établit un lien entre la surface de l’être et ses intentions profondes. J’aime l’idée d’immortaliser les purs moments d’éveil, et intensifier le lien divin qui unit tous les artistes – car nous le sommes tous, d’une façon ou d’une autre, en commençant par créer, trop souvent inconsciemment, notre propre vie. 

C’est en rendant au visible le sentiment d’amour dont l’essence même s’exprime dans l’invisible, que mon travail est habité. Pour moi, les images, les mots, les pensées, jusqu’aux sentiments qui en découlent, gardent une densité propre dans l’univers. 

Ma peinture est élaborée à partir de mes propres écrits ou des sensations qu’un poème, une citation, m’évoquent. Ce vecteur message, en écho à l’aspect pictural, induit une double lecture où chacun peut y trouver la sienne. Car le hasard lance les dés, à nous d’en percevoir les chiffres, la coïncidence, le dessin. «Écrire, c’est dessiner une porte sur un mur infranchissable, et puis l’ouvrir» nous offre Christian Bobin. 

J’aime jongler avec ces supports choisis parmi des fragments de pensées inhérents à l’évolution humaine, où fusionnent spiritualité et nature. Un labyrinthe de pensées et d’émotions diverses, d’où surgit l’idée de partage, tout en respectant notre riche Mère Nature. 

Comme extraites d’une composition vivante, suivant une mécanique artistique qui mêle la conjugaison des couleurs aux intersections des lignes, de nouvelles formes se dégagent et se métamorphosent en signes imaginaires animés. Dans cette matière picturale charnelle, c’est  dans l’abandon et la maîtrise, le défini et l’éthéré, que mes mains se délient. Ces contrastes transmettent l’impulsion au mouvement, tout comme l’énergie féminine répondant tel un balancier à celle purement masculine. La musique semble ainsi omniprésente. Mon travail semble au premier abord composé, fragmenté, organisé telle une partition musicale, au final réunifiée. Il en résulte un travail artistique intimement lié aux sens, du regard au toucher, du relief à l’impalpable, où la cadence suggérée devient un lien virtuel quasi musical. 

Captivée par cette incroyable «machine humaine» que nous sommes, j’explore des pistes multiples dont les thèmes sont vécus comme des passages obligés parcourus au fils de ma vie, de mes rêves, de mes expériences ou de mes voyages. La force de la nature est liée intrinsèquement, voir viscéralement à la spiritualité pour la grande majorité des peuples premiers. Ils détiennent une connaissance que nous osons enfin redécouvrir. Les îles, par exemple, et dans tous les sens du terme, font partie de mes thèmes récurrents. Le silence des fonds marins ou des forêts équatoriales m’interpelle au même titre que celui des voyages intérieurs. Un monde aquatique et terrestre, où le règne animal et végétal cohabitent avec candeur, où la mort prend ses distances avec le macabre. Car s’immerger dans l’océan ou dans la forêt tropicale comme on glisse en soi-même, ne peut qu’alléger la peur de la mort. Dans ce voyage intérieur «aquatique» j’associe l’innocence de l’enfance à la fluidité des fonds marins, la féminité au galbe des marées, l’homme à la folle diversité du règne animal et la spiritualité au magnétisme de l’horizon. En jonglant entre aplats et volumes, bois d’essences diverses et pigments naturels, je souhaite faire apparaître les liens invisibles et pourtant existants entre tous êtres vivants, et mettre en relief, cette harmonie élémentaire de la vie intra-utérine. Créer en conscience et avec bienveillance, porte en soi l’étincelle de l’authenticité. Toute création, créée en ce sens, recèle un potentiel énergétique conséquent.

Dans cette communication subtile, ce terrain vague prêt à la semence, loin des sentiers battus, passionnément, je tente d’offrir les reflets de mon allégresse. Un hommage visible à l’invisible, un hymne à l’intensité de la vie, à l’infini.